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Le site d'Olivia BOBIN
13 octobre 2008

La télé : info ou intox ?

LA TELE : INFO OU INTOX ?

« Je ne suis qu’un guerrier de l’information ». Jean-Philippe DESBORDE, journaliste d’investigation, réalisateur et  directeur de collection à la maison d’édition « Acte Sud », met en garde contre les dérives de formatage des esprits par la télévision, et le détournement de l’information aux services de la publicité.

- Les publicitaires se  présentent aujourd’hui comme des producteurs  d’information aux même titre que les journalistes. Quelles différences faites-vous entre l’information délivrée par les médias et celles des annonceurs ?

Les journalistes se considéraient propriétaires de l’information. Mais les publicitaires revendiquent  également ce droit et tentent de se l’approprier. Auparavant, on ne parlait pas de publicité mais de réclame qui consiste à présenter un article sous un certain angle dans un objectif marketing. La publicité produit donc une information partisane. La qualité du journaliste se mesure à son libre-arbitre, dont la défense est primordiale pour que son intégrité ne soit jamais remise en cause. Ainsi, la mission de l’investigateur sera toujours différente de celle de l’annonceur. Il recherchera toujours la réalité, et n’écrira pas sous la dictée d’un homme. La fonction essentielle du professionnel de l’information est de rétablir et de garantir le libre arbitre des destinataires.

- Quels sont les conséquences sur les téléspectateurs de l’influence de la publicité dans la production et le traitement de l’information ?

            Les grilles des programmes d’une chaîne de télévision sont influencées par la régie publicitaire, et sont crées dans une logique et une optique de marketing. C’est ce qui ressort d’une phrase choque de Patrick Le Lay, lorsqu’il révèle que les journalistes « fabriquent du temps de cerveau disponible ». L’objectif est de rendre l’individu passif pour qu’il devienne disponible et donc réceptif aux messages des publicitaires.

- C’est ce vous avez voulu démontrer à travers votre livre « mon enfant n’est pas un cœur de cible » ?

Oui, ce formatage des esprits se retrouve de manière très inquiétante chez les enfants. Une large partie des programmes pour la jeunesse est aujourd’hui déterminée pour répondre aux besoins du marketing. Ceci débouche sur une attitude pathologique. Les enfants perdent les repères fondamentaux et s’identifient aux images qu’ils perçoivent. Aujourd’hui, la tendance lourde des chaînes de télévision n’est plus de proposer de l’information mais du divertissement.

- Quelles spécificités le journalisme d’investigation présente t-il, par rapport au journalisme généraliste, pour lutter contre ce formatage des esprits ?

Lorsque le journaliste traite de l’actualité, il la traite dans l’immédiateté. La méthode de travail de l’investigation est calquée sur celle du judiciaire. Le journaliste d’investigation travaille comme un juge d’instruction. Ceci suppose de chercher des informations à charge et à décharge et de déterminer un bon angle. La mission du journaliste est donc de faire le lien entre les choses et de donner du sens à un fait.

- Aujourd’hui les journalistes sont souvent accusés d’être subjectifs. Le journaliste peut-il être totalement neutre face à l’information ?

C’est un faux problème. Le professionnel de l’information est nécessairement subjectif car l’information fait l’objet d’une manipulation. Le rôle du journaliste d’investigation est d’être exhaustif dans les sources et précis dans l’angle choisi. Le but est d’aboutir à une reconstruction de la réalité indépendamment de toute idée partisane.

Propos recueillis par Olivia BOBIN

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