Le miraculé de Carry le Rouet

Le miraculé de Carry le Rouet

« Je ne veux pas me venger. Je fais confiance en la justice. » Paroles d’un sage dans la bouche d’un martyr. N. A., 22 ans revient de loin. Cet homme a vécu l’enfer dans la nuit du 24 octobre 2005. Roué de coups de pieds, de jets de pierre et lacéré de 22 coups de couteau, il s’en sortira grâce à sa rage de vivre.

Que voulait-on à ce jeune turc ? Pourquoi une telle violence ? Le plus dur sans doute pour N. est de savoir qui sont ses agresseurs : son cousin A.B. aidé par un ami A.K. « Regardez l’accusé, reconnaissez-vous l’homme qui vous a agressé ? », lui répète le président. « J’en suis certain, il est dans tous mes cauchemars », confie la victime à son interprète. Elle est la seule à le comprendre. Son seul lien avec la cour. Contraint de raconter encore une fois ce qu’il a vécu, son corps se crispe, sa tête se baisse, comme s’il revivait chaque minute son calvaire.

Grand, brun, la peau mate, N. garde encore les traces de ses coups. Regard fuyant, nerveux, sentiment de peur, de nombreuses cicatrices lui rappelleront ses tortures. Et pourtant il dit n’avoir aucun sentiment de colère ou de vengeance. Il ne veut qu’une chose : que justice soit faite pour pourvoir recommencer à vivre.

Olivia Bobin