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Le site d'Olivia BOBIN
13 octobre 2008

Des étudiants droits dans leurs bottes

DES ETUDIANTS DROITS

DANS LEURS BOTTES

Le Comité de Coordination des étudiants d’Aix-en-Provence continue, à la veille d’une grève générale,  de mobiliser les troupes pour obtenir l’abrogation de  la loi sur l’autonomie des Universités. Jeff, un des portes- paroles du syndicat Sud-Etudiant, et jeune étudiant en master 1 de lettres revient sur les causes de la grève. Il  en est sûr : il s’agit d’un malaise social plus profond.

- La grogne des étudiants contre le Loi Pécresse se fait de plus en plus entendre notamment par des blocages de facultés. Comment en est-on arrivé là ?

            La loi Pécresse n’est en fait qu’une privatisation maquillée. C’est le démantèlement annoncé du service public de l’enseignement supérieur! Les facultés seront obligées de se tourner vers des entreprises pour trouver des financements. Des filières jugées non rentables sont condamnées. Il y aura des décalages entre les diplômes.

- Vu les enjeux de cette loi pourquoi les étudiants ont attendu trois mois avant de se mobiliser ?

            Le gouvernement savait qu’en faisant passer la loi en plein mois d’août, elle passerait inaperçue. Cette loi a été votée incognito, sans négociation, sans débats avec les étudiants. C’est révoltant. Mais la mobilisation étudiante est née dés le mois de septembre. Les syndicats étudiants ont  commencé à alerter par des tracts, par les assemblées d’informations. Petit à  petit, les étudiants ont pris conscience des risques de régressions sociales. Le blocage des facultés a été l’élément déclencheur.

- Selon vous il n’y a pas eu de concertations. Cependant l’UNEF a participé aux négociations avec le Gouvernement dés le mois de juillet.

            L’UNEF a obtenu la non augmentation des frais d’inscription et l’abandon de la sélection en master 1. La sélection en première année n’a pas été retirée malgré ce qu’il prétend. Mais la privatisation des universités aura pour conséquence logique l’augmentation des frais d’inscription, parce que les facs vont êtres gérées comme des entreprises, et il n’y aura plus de contrôle de l’Etat.

- Quelles sont clairement vos revendications ?

On veut l’abrogation pure et simple de la loi Pécresse et le comité de mobilisation ne négociera pas là-dessus. Le retrait de cette loi est un préalable. Le mouvement est plus profond. On veut dénoncer la précarité des étudiants. Il n’est pas normal qu’un étudiant sur deux soit obligé de  travailler pour financer ses études. Le rapport de force est nécessaire. Les étudiants se mobilisent parce que ils n’acceptent plus leurs conditions.

- Que pensez vous de l’attitude de l’UNEF, qui tout en étant contre le loi, n’appelle pas à son abrogation et souhaite un élargissement des revendications ?

           L’UNEF prétend que le mouvement ne rassemble pas assez de monde pour pouvoir demander l’abrogation. C’est son choix. Les autres syndicats comme Sud Etudiant pensent qu’il faut aussi aller plus loin. Sous cette mobilisation, les étudiants veulent montrer qu’ils en n’ont assez des promesses. L’enseignement supérieur a besoin de plus de moyens. Il ne suffit pas d’enlever des fonds qui auraient du servir pour la rénovation de la fac de Jussieu pour les remettre ailleurs. On veut une réflexion sociale de la part des pouvoirs publics sur les conditions de vie des étudiants. On veut un réinvestissement de l’Etat dans l’enseignement supérieur.

- Cette mobilisation n’est-elle pas purement politique, un prétexte pour s’opposer au Président Sarkozy ?

            Oui, le mouvement est politique, mais c’est plus profond. Ce n’est pas un simple coup de gueule contre Sarkozy. Les grèves des cheminots, de la fonction publique et des étudiants démontrent un malaise social. D’où la décision du comité de mobilisation de se rallier au mouvement de grèves contre la réforme des régimes spéciaux. On veut soutenir la lutte des travailleurs  pour la défense  du service public.

- Comment le comité de mobilisation réagit –il après l’intervention des CRS vendredi dernier ?

            L’intervention des CRS est scandaleuse. C’est la première fois que les forces de l’ordre interviennent dans l’enceinte de l’université de lettres d’Aix. Face à la mobilisation étudiante, le gouvernement répond par la répression. Ca enlève un outil de mobilisation des étudiants dans un but clair : casser la mouvement. Mais ça ne fait que renforcer nos positions. Le président de l’université est favorable à cette loi. C’est pour cela qu’il a décidé de fermer la faculté sous le couvert de raisons de sécurité.

Olivia BOBIN

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